Bonjour les mamans « courage »
Je me décide enfin à vous faire part de mon témoignage sur cette maladie, suite à la rencontre d’un médecin formidable !
J’ai deux magnifiques filles de 3 ans et demi et 4 mois.
Quand j’ai su que j’étais enceinte pour ma première, j’étais la femme la plus heureuse. Cela faisait longtemps que je désirais avoir un enfant. Après le test de grossesse, très vite j’ai commencé à avoir des maux d’estomac, puis des nausées puis des vomissements. Cela était très dur à vivre car il fallait que je gère tous mes maux tout en travaillant.
Ça a duré 5 mois environ, 5 mois de galère. Puis ça s’est atténué, même si quelques maux subsistaient jusqu’à la fin.
Lors de mon accouchement et lorsque ma fille est venue au monde, j’ai ressenti un soulagement : je savais que mes maux disparaitraient avec l’arrivée de ce bébé.
Je croyais avoir vécu le pire, seulement cette expérience n’était rien comparée à ma deuxième grossesse qui s’est avérée horrible.
Encore une fois, ça a commencé par des maux d’estomac dès 5 SA. J’ai tout de suite compris que la galère recommençait (j’espérais encore y échapper puisqu’on dit que les grossesses ne se ressemblent pas forcément, mais cela est faux pour notre maladie).
A ce moment-là, nous étions fin juillet et nous devions avec mon mari et ma fille aller en vacances chez des amis habitant à La Grande Motte, sachant que nous habitons en région parisienne, au moins 8 heures de voiture m’attendaient. Je redoutais énormément ce trajet dans mon état. Effectivement cela s’est avéré très difficile, j’avais mal à l’estomac, étais nauséeuse, n’arrivais pas à manger correctement et j’enviais les familles dans les aires de repos d’autoroute qui déjeunaient tranquillement, contentes d’aller en vacances.
Le séjour s’est bien passé même si je me sentais vaseuse constamment surtout lorsque je me réveillais. Ces vacances m’ont malgré tout fait du bien.
Tout à déraper lors de notre retour. Je me sentais de plus en plus mal, j’avais juste envie d’être couchée, les nausées étaient plus fortes et j’ai commencé à vomir.
Là l’enfer de l’hyperémèse a vraiment commencé !
Je restais au lit presque tout le temps, me lever demandait un effort surhumain, j’avais envie de manger mais je n’y arrivais pas, je rêvais de nourriture toute la nuit.
J’avais constamment mal à l’estomac, mes nausées étaient horribles et présentes la plupart du temps, je vomissais dans ma bassine située au pied de mon lit à chaque fois que j’avalais quelque chose.
On était en plein mois d’aout, je jalousais les gens que j’entendais s’amuser dehors.
Heureusement mon mari était en vacances, il a pris en charge toute la gérance de la maison et s’occupait de notre fille, il vidait et lavait ma bassine à chaque vomissement, même la nuit.
Je ne pouvais rien avaler sans le vomir, je vomissais jusqu’à 8 fois par jour, je ne trouvais rien qui reste dans mon estomac, j’étais de plus en plus faible et de plus en plus déprimée. Je pleurais tous les jours en me demandant quand ce calvaire finirait, je me disais que je ne tiendrais jamais, je me demandais pourquoi j’avais mis en route un autre bébé…
Tout le mois d’aout s’est déroulé ainsi et je sombrais de plus en plus.
Je devais reprendre le travail début septembre, et je me disais que peut être cela me ferait du bien, que je ne serais plus accaparée par mon mal, que peut être j’irais mieux en pensant à autre chose etc.
J’ai donc fait ma pré-rentrée (je suis enseignante), et cela s’est avéré catastrophique. Je me sentais mal, mon estomac était trop douloureux, j’arrivais à peine à tenir debout. Dans mon état, il était impossible de passer la journée dans une classe avec mes élèves, j’ai donc compris que je n’avais pas d’autres choix que de me faire arrêter et de rester au lit. J’ai été arrêtée par mon gynéco toute l’année scolaire.
Ma fille faisait également sa première rentrée, je n’ai pas pu préparer cette rentrée, lui acheter des vêtements, l’habiller, la coiffer le jour J. Mon mari s’est occupé de tout et l’a emmenée à l’école. J’ai encore pleuré de ne pas pouvoir être avec elle ce jour spécial, et j’ai pleuré de douleur aussi car j’avais encore et toujours mal.
En ce début de septembre, je continuais à vomir plusieurs fois par jours, je ne pouvais toujours rien avaler, je n’arrivais plus à dormir la nuit, seul moment de répit jusqu’à présent. Je commençais aussi à saliver, beaucoup saliver, l’enfer de l’hyper salivation se rajoutait à tous mes maux. Je perdais beaucoup de poids, je le sentais dans mes vêtements, même si je ne m’habillais plus qu’avec des débardeurs et des boxers, pas la peine de m’habiller pour rester au lit !!!
A chaque fois que je devais sortir de chez moi pour faire mes prises de sang par exemple, c’était l’horreur et encore plus quand je devais être à jeun. Je me souviens que je n’arrivais pas à rester à jeun car mon estomac me faisait très mal et je suçais une rondelle de citron pour m’aider un peu. Arrivée au labo, j’étais dans un état lamentable et tout le monde me regardait se demandant quelle maladie je pouvais bien avoir pour être dans cet état… Je courrai aux toilettes devant tout le monde pour vomir. Bizarrement mon état empirait lorsque je n’étais pas à l’abri, chez moi…
Mes prises de sang ont montré une hyperthyroïdie…
Le 5 septembre, j’avais RDV avec mon gynéco pour ma première écho. J’étais contente d’enfin pouvoir voir mon bébé et me dire que je ne souffrais pas pour rien. Seulement mon gynéco voyant mes PDS et l’état lamentable dans lequel j’étais, demanda mon hospitalisation pour me réhydrater. J’avais trop maigri et j’avais l’IMC d’une anorexique. Dans la lettre que je devais remettre à l’hôpital il mentionnait l’hyper thyroïdie et la dénutrition.
On me garda 3 jours à l’hôpital, on me perfusa pour me réhydrater et pour faire cesser mes vomissements. Je n’ai pas vomi pendant tout mon séjour à l’hôpital, par contre je me sentais toujours aussi mal et je salivais encore énormément.
Le jour où je sortais de l’hôpital, juste avant de partir je recommençai à vomir.
Les jours passants j’ai pu recommencer à manger un peu. Mon mari me préparait tous les matins et tous les soirs du pain grillé avec du miel et du thé. C’est tout ce qui restait dans mon estomac. Ensuite j’ai pu boire des cafés au lait. Comme je n’avalais que cela, j’en buvais au moins 5 par jour, ça me faisait un peu de bien. Puis, je suis passée à la boisson Sprite, cela faisait du bien à mon estomac.
J’espérais toujours que mon état s’améliore après les 3 mois de grossesse mais ça a continué. Ça a continué pendant des mois et des mois et je peux dire que j’étais en dépression, je gardais le lit, ne pouvais pas m’occuper de ma fille qui, à 3 ans était pas mal livrée à elle-même.
J’ai eu quelques petits moments de répit, mais ça ne durait jamais. J’attendais qu’une seule chose, c’était accoucher pour être soulagée.
Vers la fin, je vomissais moins mais étais toujours aussi mal avec quelques fois des périodes de rechute, je dormais très mal, passais ma nuit sur internet et c’est à ce moment-là que j’ai découvert le blog et le forum des maternelles. Ça m’a fait énormément de bien de voir que je n’étais pas seule.
J’ai eu des idées noires pendant les périodes les plus difficiles, heureusement que mon mari était très présent et me soutenait beaucoup, mes amies aussi, ainsi que ma famille qui se relayait pour garder ma fille quand mon mari travaillait.
Je me souviens aussi que j’avais tout tenté pour me soulager mais rien n’a fonctionné. Je suis allée partie voir homéopathe, acupuncteur, gastro-entrologue.
L’hyper salivation a duré jusqu’au bout, mon mal être et ma déprime également. Je n’attendais qu’une seule chose : accoucher.
Le temps m’a paru bien long, cette grossesse a duré une éternité.
J’ai accouché à J – 1 le 25 mars d’un bébé de 3,5kg, en pleine forme. Enfin j’étais libérée, enfin je rencontrais mon bébé, enfin je sortais de l’enfer de l’hyperémèse. J’étais la plus heureuse, j’avais mon bébé et je retrouvais enfin mon corps non malade.
Ça a été la période la plus difficile de ma vie.
Aujourd’hui ma fille a 4 mois et je suis allée voir ma nouvelle généraliste pour qu’elle me prescrive des séances de kiné. Je lui ai raconté très brièvement ma grossesse (en général je ne m’attarde pas dessus car les médecins ne nous comprennent pas et ne connaissent pas cette maladie), et bien elle connaissait très exactement cette maladie, m’a dit tous mes symptômes, mon mal être etc…
Elle m’a dit qu’elle a fait sa thèse sur l’hyperémèse, qu’elle a étudié cette maladie pendant un an, qu’elle comprend tout à fait ce que j’ai vécu et qu’elle prescrit du zophren pour soulager les femmes comme moi.
J’ai pleuré dans son cabinet médical, j’ai sorti toute ma souffrance, j’étais tellement heureuse de voir qu’un médecin s’intéressait enfin à nous et ne disait pas comme les autres que c’est psychologique.
Elle m’a donné sa thèse, je vais la lire très attentivement mais je sais déjà que je vais apprendre beaucoup de choses.
Je ne pense pas qu’il y aura une troisième grossesse car j’ai trop souffert, mais rencontrer ce médecin m’a vraiment apaisée et s’il y a une troisième grossesse, je sais maintenant à qui m’adresser.
Je souhaite beaucoup de courage aux mamans qui sont encore dans cette maladie. Je vous soutiens de tout mon cœur. C’est dur mais on en voit le bout. Courage…
Selly