Bonjour,
je fais malheureusement partie de ces mères courageuses qui doivent surmonter des heures et des heures de détresse du fait de cette pathologie "hyperémèse gravidique".
J'attaque cette semaine le pic hormonal du premier trimestre... Ca me fait du bien d'écrire mon anxiété, de poser ma peur sur papier... Car je dois l'avouer j'ai tellement peur de revivre les symptomes cauchemars de mes dernières grossesses.
Notre premier enfant est venu par surprise dans notre vie, j'étais plus jeune, plus insouciante, artiste de cirque, réglée une fois tous les six mois, je pensais même être stérile (pas de contraception efficace pendant quelques années). Bref bien que surprise, ce fût une immense joie d'apprendre ma grossesse. Je l'ai senti dès la première semaine que quelquechose se passait, puis à 2/ 3 semaines, quand je ne pouvais plus rien tolérer de gras... J'en étais certaine!
A 1 mois, j'ai commencé à vomir, j'ai trouvé ça rigolo la première fois (comme dans les films quoi!), presque fière... J'ai très vite déchanté vue la fréquence de mes vomissements et suis allée pleurer chez un gynéco qui m'a dit que fallait en passer par là, c'est tout!
Je suis rentrée choquée et desespérée chez moi, à Paris , 7ème étage sans ascenseur...
Le futur papa ne vivait pas avec moi, il était de Toulouse. Je travaillais à Disney Land Paris dans le spectacle de Tarzan, 5 shows par jour à faire des acrobaties en l'air. J'ai passé un mois horrible, personne ne m'a suggéré de prendre un arrêt maladie... Je vomissais dans les coulisses, entre deux scènes, puis la pause repas était un supplice, puis à 18h30 quand enfin la journée se terminait, j'avais encore 3/4 d'heure de RER + métro, je m'asseyais avec une poche plastique et prévenais mes voisins que je ne pourrai pas me retenir... J'arrivais en pleurant chez moi au bout de mes 7 étages, tentais de me forcer à avaler quelque chose et m'endormais tant bien que mal en tentant de digérer ce quelque chose vers 20h. J'ai perdu 7/8 kilos, beaucoup souffert mais j'ai tenu, puis à 2 mois et demi... C'en était fini! Quel bonheur... Du jour au lendemain. L'accouchement sans péridurale n'a été qu'une simple formalité de quelques 2/3 heures comparé aux heures de nausées! Elle s'appelle Maya
2ème grossesse :
Désirée celle-là, pour donner un petit frère ou petite soeur à Maya... J'ai 29 ans à ce moment là.
Je tombe enceinte rapidement (3 mois d'essais), je vis dans le sud de la france avec le papa de maya... Nous sommes en plein travaux et on m'annonce que je suis enceinte de 1 mois voire 1 mois et demi d'après le taux hcg + écho. Je me dis chouette! Je suis bien partie pour éviter les nausées cette fois-ci... Et, j'espérais quel dicton "chaque grossesse est différente" s'appliquerait à mon cas. 4 Jours après, les vomissements sont apparus sans prévenir et ont été violents! Cette fois-ci hors de question de ne rien faire, je cours chez le généraliste qui me prescrit du primpéran en suppositoires : ça ne change rien.. et ça empire vite, au bout de 5 jours je ne parviens plus qu'à boire un tout petit d'eau sucrée, 3 jours plus tard, je me sens agonisante dans mon lit, ma belle mère est convaincue que j'exagère, j'insiste pour qu'elle m'emmène voire une gyneco. La gyneco me voit et m'envoie de suite aux urgences ; une heure après, je suis enfin sous perfusions, j'avais perdu 10 kg en une semaine!!! Je suis restée 15 jours hospitalisée et suivie par une gentil gyneco qui me soigne au dogmatil. Je ne suis pas franchement convaincue par le médicament car pendant les 15 jours d'hospitalisation, je n'ai pas cessé de vomir, de me tordre de douleur dans mon lit... Bref je ressors de la clinique avec ma prescription de dogmatil et lutte encore 1 mois avec les nausées chez moi. A 3 mois, du jour au lendemain... Plus rien, c'est vraiment génial ce moment là. Iris est née comme sa soeur, vers 11 heures après 2/3 heures de travail et sans péridurale. Petit bébé de 2kg500.... Je ne sais pas si c'est à cause de ces 3 premiers mois...
Je me suis dit : plus jamais ça, plus jamais de grossesse!
3 ème grossesse :
faut jamais dire jamais... quand iris a eu 20 mois, ça m'a retravaillé l'idée d'un petit troisième, j'ai pensé à l'adoption mais mon homme ne voulait pas de cette alternative à la parentalité. Je réfléchis bien pendant 2/3 mois, reporte la pose d'un stérilet, puis me décide : j'en reste à deux enfants et reprends la vie d'artiste! Et bien 15 jours plus tard premières nausées.... j'apprends que je suis enceinte (suite à un rapport à risque où nous n'avons pas utilisé la contraception de suite...)
Je positive et me dis "allez, chouette, c'est bb qui a décidé pour nous" ; je suis heureuse à l'idée d'aggrandir la famille. On l'annonce très rapidement (à 3 semaines de grossesse) ; c'est très mal accueilli par nos proches. Aïe! On me fait comprendre que j'assumerais tout seule l'éducation de ce petit, ma mère pense que je serait à nouveau malade et que je ferai mieux d'avorter...
Bref, ça commence mal. Je tiens un mois à lutter avec mes nausées, mon gyneco qui m'avait suivie pour Iris me represcrit son dogmatil ; mon mari part en tournée pour 1 mois et me laisse seule avec les deux petites... Et là tout dégénère. Je ne vois pas comment faire face... Je me sens abandonnée de tous, je ne parviens plus à m'alimenter, je fais une sorte d'anorexie mentale, je me désydrahte, à 2 mois, je plante les filles de force à ma belle mère et je demande à mon gygy de m'hospitaliser. Il me dit que cela risque de dépasser les 3 mois ; je lui parle d'interrompre la grossesse et il me donne que trois jours pour décider... 3 jours et 3 nuits horribles. Pas de télé dans cette chambre, les vomissements qui s'aggravent au point de vomir du sang, les sages-femmes qui me parlent de cas qui restent 9 mois sous perfusions (mais moi je suis déjà maman, je dois m'occuper de mes deux fillettes!!). Je demande à voir la psy pour y voir plus clair, elle ne viendra jamais... Au bout de trois jours je me décide pour l'ivg par aspiration, anesthésie générale. L'aneshtésiste la veille au soir de l'opération me dit qu'il pose son véto, que l'on ne décide pas d'interrompre une grossesse à cause de vomissements, il me crie dessus ; je le déteste ; croit-il que cela me plaît de sacrifier mon bébé??!!
Le jour de l'IVG, c'est mon gentil gyneco qui vient me chercher, il me demande si je confirme, j'acquiesse et là, il m'avoue qu'il ne m'a pas fait le protocole ordinaire pour me soulager de mes vomissements car il voulait que je reste bien consciente pour ma décision! Mince... peut être que si pendant ces 3 jours j'avais senti une amélioration, je n'en serai pas arrivée à décider ça!
Enfin, trop tard, trop lasse, pas droit à d'autre délai de refléxion... on m'endort, on m'opère...
Je me réveille soulagée de me réveiller puis je fais un coma de plusieurs heures avec une grosse chute de tension qui a beaucoup inquiété le personnel.
Le lendemain, je vais mieux, je retrouve mes petites, c'est le jour de la fête des mères, mon mari est là (en répit entre ces tournées) on va au restaurant, je suis heureuse que le cauchemar soit fini et je mange tout!!!!!!!!!!! Que c'est bon de pouvoir manger!
Mon bonheur n'a duré que 24 heures... Le lendemain j'ai eu une montée de lait et j'ai hurlé comme une louve de ne plus avoir mon bébé! S'en est suivi des mois et des mois de détresse et dépression, de pleurs, d'obsession sur le sujet. J'ai fait des recherches sur le sujet et découvert que j'aurai pu tenté le donormyl + B6... Pourquoi aucun personnel médical ne m'en a parlé??
Je veux absolument adopter, mon mari ne veut toujours pas... Au bout de six mois je décide de remettre ça ; il me faut un troisième enfant, je ne veux vivre avec des regrets! Je suis incapable de faire le deuil... Mon mari accepte quoique inquiet de mon futur premier trimestre.... Et bien il m'a fallu trois ans et demi de déceptions à chaque cycle, des traitements et inséminations, pour décider d'abandonner le projet! Le cycle d'après, je suis enfin tombée enceinte!
4 ème grossesse : j'ai 37 ans et je suis en plein dedans, je prends donormyl et B6, j'ai peur, je passe des journées très difficiles, j'en suis à un mois et 10 jours. Je n'ai même pas encore eu le temps de me réjouir de ma grossesse : les premiers jours j'avais la trouille d'une fausse couche (normal après 3 ans et demi d'infertilité) et maintenant, c'est l'hyperémése qui a pris le relais.
Je suis en arrêt maladie jusqu'au 30 avril prochain (à ma demande) ; mon mari est là, il s'occupe de tout! Le pauvre, ça me fait de la peine d'être aussi inutile... Il est 15h00... je vais bientôt commencé à déguster et serai heureuse d'aller me coucher. Chaque matin je vomis en me réveillant ; pour l'instant donormyl m'aide à garder mes repas. Il m'est très difficile de choisir mes repas, j'aimerai éviter les choses indigestes, avoir un guide sur les choses qui aident... Je tourne entre pâtes, soupes, riz, patates, mais ça commence à me dégoûter aussi... Je m'interdis laitage, crudités et fruits crus pour faciliter la digestion. C'est lassant.
Je mange tous les 2h30, dès que la nausée reprend trop le dessus, mais de toute façon, elle et la fatigue ne me quittent jamais.
J'ai un sentiment d'injustice, pourquoi moi????? pourquoi mes histoires de maternités auront été toutes si compliquées? Mais je suis fière de relever le défit de cette maladie une dernière fois!
Les gens ne comprennent pas que je me porte absente pour des nausées... Ca me mets en rage, moi qui ne suis jamais absente pour rien!! Voilà j'ai vidé mon sac à émtions... Si vous avez des suggestions alimentaires, elles seront les bienvenues...